Charlie la liberté

« Longtemps, longtemps, j’ai cherché les mots
Souvent, souvent, ils m’ont fait défaut
Le vide de ton absence m’étourdit
Tu laisses un silence pire que l’ennui »
Une pensée à tous ces disparus connus et inconnus, morts pour avoir défendu le cœur, le fondement de notre république, la liberté, celle de l’expression à travers sa forme culturelle et créative que le monde entier nous envie.
La portée symbolique de cet acte inouï n’échappe à personne.
Je partage avec Charlie hebdo un acte de naissance en 1968. L’histoire a déjà retenu l’empreinte, le souffle de cette époque à travers ces plus grands esprits dont le dénominateur commun était la dérision, la franche camaraderie, une vision utopique du monde face à toutes ces formes de conneries, une prise de recul permanente sur le réel mis au seul profit du rire.
Nous voici le genou à terre, abasourdis, fraternellement, intimement meurtris par la haine de ceux qui voudraient rendre la vie inhumaine, et qui ont froidement et lâchement abattus les frères de Coluche, de Desproges, et autres Reiser…
Il semble qu’au delà de notre tristesse, notre majorité bien silencieuse autrefois (combien de soutiens pour la fatwa lancée en 1989 au grand écrivain Salman Rushdie), se soit réveillée, et que ces morts, à travers leur exemple et leur courage nous aient rendu un peu de dignité, et de raison d’espérer…
Il nous reste individuellement beaucoup de chemin à faire pour lutter contre nos intolérances, nos démons, nos renoncements, nos oublis.
Gageons que dans un avenir proche, les chaînes nationales à l’instar d’un Canal ou d’un Arte, seront capables de déprogrammer leurs superbes émissions pour témoigner et nous faire réfléchir sur des événements qui touchent nos âmes.
Rêvons que l’ensemble des medias, sur des sujets aussi sensibles tendent leurs micros aux représentants de l’ensemble des communautés religieuses (juives, chrétiennes, musulmanes…) qui prônent la compassion, l’amour et la paix. La religion a bon dos aujourd’hui de supporter à elle seule les horreurs de l’humanité. Cet étendard est brandi bien trop facilement à des fins politiques par des fanatiques qui se servent de dieu comme ils se servent de leur fusil. En tant que protestant, je me sens solidairement sali avec nos frères musulmans par l’utilisation de la terreur au nom de dieu.
Ni les athées, ni les croyants ne sont aujourd’hui responsables, mais seule une poignée de barbares comme l’humanité en a hélas toujours connue dans tous les lieux et à toute époque dès qu’il a s’agit de s’imposer par la violence.
Je remercie d’avance nos medias de faire preuve de davantage de pluralisme dans leur choix d’invités afin de conforter notre libre arbitre, notamment en prime time où on a bouffé du Zemmour, du Trierweiler pendant près de 6 mois, et on s’apprêtait à remettre ça avec Houellebecq? Quelque soit leur talent, ou leur absence de talent individuel, nous serait-il possible de goûter à d’autres plats au pays de Rabelais ?
Prêtons nous à croire que nos élites politiques élèvent un jour le débat et nous fournissent une vision et une réflexion sans tabou sur le monde qui nous entoure avec des solutions concrètes au problème du terrorisme qui contribue à la dégradation de nos relations depuis plus de 20 ans…Combien de 11 septembre, de 7 janvier pour que la communauté internationale se réveille enfin ?
Les Cabu, Charb, Wolinski, Tignous... sont irremplaçables, mais leur génie spirituel restera à jamais gravé dans nos mémoires collectives, et a déjà semé quelques belles graines parmi les représentants des plus jeunes générations (je pense notamment à Gaspard Proust., Zep…). On ne tue ni la pensée, ni les idées…
« L’espace d’un soir l’écho de ta voix
Revient l’espoir dans son drap de soie
Une étincelle dans l’ombre luit
Qui me rappelle à la vie »
Bien fraternellement,
LEBIL