Pourquoi l'album blanc des Beatles est-il un des mes disques préférés?

A l'occasion de la réédition anniversaire des 50 ans de l'album blanc, je vous livre les clés de ce qui constitue à mes yeux un des opus majeur de la pop musique:
-1968, mon année de naissance, est sans conteste le plus grand millésime de la musique pop.
En cette année charnière, la musique tisse la toile de fond sonique de la révolution utopique socio-culturelle. Jugez-en plutôt au regard des sorties de l'année:
Beggar's banquet des Rolling Stones, Electric Ladyland de Jimmy Hendrix, Lady Soul d'Aretha Franklin, Bookends de Simon&Garfunkel, The Kinks are the Village Green Preservation Society, Odyssey&Oracle des Zombies, A saucerful of secrets des Pink Floyd, Cheap Thrills des Big Brother& the holding Company, Joe Cocker with a little help from my friends, The dock of the Bay d'Otis Redding, Waiting for the sun des Doors, The Natch'l blues de Taj Mahal, The deta sweete de Bobby Gentrie, Creedence Clearwater Revival, Gris-Gris du Dr John, en France, Comment te dire adieu de Françoise Hardy, Initials BB de Gainsbourg, etc....N'en jetez plus.
C'est dans ce contexte inspirant et effervescent que les Beatles réalisent l'album blanc, mais pas que....
-"The white album", est le disque le plus spirituel des Beatles
En début d'année, et à l'initiative du mystique George Harrison (merci George), les fab4 se rendent en Inde à Rishikesh pour une initiation à la méditation transcendantale sous la bienveillance du Guru Maharishi Mahesh Yogi. C'est la 1ère fois que ces stars professionnellement débordées vont pouvoir s'octroyer plus d'un mois de vacances loin du tumulte occidental, pour se ressourcer. Cette "prise de recul" spirituelle sera nettement bénéfique à la créativité des "petits gars de Liverpool". Une véritable leçon managériale pour tous les adeptes du stakhanovisme: il y a des fois, ou plutôt des circonstances, ou moins on bosse, plus on produit...Interesting isn't it?
-Un double album qui aurait largement pu être triple tant il fut inspiré
Venus pour méditer, les Beatles furent pris d'une inspiration débordante qui donna lieu à l'un des tout premier double de l'histoire de la pop. Si leur producteur, George Martin, eut préféré réalisé deux 33 tours, la production des Beatles fut tellement importante, qu'une grande partie des titres composés vont se retrouver au choix sur le sublime "Abbey Road", ou sur les disques solos des uns et des autres.
George Harrison, bridé par la paire Lennon/Mc Cartney sortira 3 ans plus tard un triple album solo! La réédition anniversaire de l'album, au delà des fameuses Esher demos enregistrées chez George, et des nombreuses sessions d'enregistrement, témoigne de son aspect prolixe : un total de 6 CD figure sur l'édition deluxe que je recommande à tous les mélomanes. Vous en trouverez un échantillon dans la playlist ci-dessous.
-Le disque de la variété avant la variété
De "Helter Skelter" qui va préfigurer le hard rock à la berceuse "Good night", en passant par l'expérimental "Number 9", au jazz old school "Honey Pie", au pastiche folko dylanesque "Rocky Rackoon", tout y passe, rien ne lasse...Loin de l'album concept façon sergent poivre, le disque couvre de nombreux répertoires, bien loin de l'ennui que pourrait constituer un disque d'une telle longueur. Fort de cette diversité stimulante, on retrouve malgré tout la cohésion d'un groupe qui souhaite retrouver l'esprit garage et live de ses débuts.
-Les Beatles, un opus blanc et pur comme la neige
C'est bien là tout le talent de David Hamilton qui réalisa le design mythique de la pochette, d'avoir saisi le renouveau et la simplicité stylistique des compositions d'un album qui en réalité s'intitule "The Beatles". Nous sommes donc là dans la quintessence dépouillée du groupe, dans son point d'équilibre ground zero. Une fois de plus, les Beatles vont se renouveler, mais cette fois-ci ils se retrouveront mis à nu, face à eux-même dans des contextes parfois personnels douloureux, notamment chez Lennon ("I'm so tired", "Yer Blues", "Julia"). Rarement l'émotion n'aura autant été présente qu'ici. D'un point de vue musical, cette simplicité ,qui est en réalité à mes yeux la quintessence de la chanson, prend souvent la forme stylistique du picking guitaristique enseigné par un Donovan complice de la virée indienne. On la retrouve à de nombreuses reprises magnifiée dans "Blackbird", "Dear Prudence", ou "Mother Nature's Son" qui annonce chez Mc Cartney les futures préoccupations écologiques.
-Bungalow Bill, la petite histoire dans mon histoire
Passablement énervé par un compagnon de méditation qui entre deux séances méditatives partait chasser des tigres, Lennon s'en inspire pour cette chanson en forme de comptine qui marqua de manière indélébile mon enfance. J'en balbutiais le refrain, ce qui inspira à mon père mon surnom de star en devenir, "Lebil". Ainsi, ce disque qui fut une de mes toutes premières acquisitions, restera pour ma part une influence majeure qui donnera notamment naissance à la composition de "Femme soeur, âme fatale".
Je ne vais pas m'appesantir plus longuement, pour laisser toute la place qu'elle mérite à la seule musique, ici magnifiée par le talent de mixage de Giles Martin (le fils de Sir). Car vous l'aurez deviné, c'est une grande émotion de retrouver ce chef d'oeuvre, enrichi de toutes ses sessions qui nous laissent pantois tant l'impression d'intimité et de proximité avec les Beatles est forte. Bonne (Ré)écoute.
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